Le roman Germinie Lacerteux1 des frères Goncourt, publié en 1865, est construit sur les trajectoires parallèles des deux personnages principaux : Germinie, une bonne, et Mlle de Varandeuil, sa maîtresse issue d’une aristocratie dont le déclin est consommé. Leurs parcours sont comparés tout au long du roman et les deux personnages apparaissent parfois comme les reflets inversés d’une figure dans un miroir, pas tout à fait opposés, sans pour autant correspondre l’un à l’autre de façon parfaitement homothétique. Toutes deux voient s’abattre sur elles, au cours de leur vie, des malheurs en série, l’un entraînant le suivant. Toutefois, elles s’en relèvent bien différemment, car le texte montre leur nature et leur capacité de résilience de façon contrastée. Alors que l’une (Mlle de Varandeuil) s’affermit, l’autre (Germinie) se laisse glisser vers la déchéance. Les deux femmes lisent les signes annonçant le malheur, mais elles ont en commun le trait d’être de mauvaises lectrices, déchiffrant mal ou tardivement les intersignes (présages de mort, signes de maladie). Le texte élabore une véritable sérialité de malheurs dont les personnages se remettent de manière différente. Toutes deux vieilles filles, vivant hors de la norme, sont-elles pour autant condamnées à la guigne par leur statut ? Leur éducation et leurs systèmes de créance différents leurs montrent-elles des chemins possibles contraires après que le malheur ait frappé ? Qu’est-ce qui empêche les deux femmes de reconnaître clairement les signes et les indices d’un malheur imminent ? Afin de répondre à ces questions, nous comparerons les figures féminines de Germinie et de Mademoiselle et nous étudierons les différences entre les représentations liées aux malheurs des deux femmes à travers le récit.
Dès le premier chapitre, le texte donne à voir au lecteur une mise en parallèle des destins des deux femmes ; alors que Mlle de Varandeuil se remet d’une maladie, Germinie, émue, se met à lui raconter sa vie jusqu’à ses quatorze ans, âge auquel elle est placée à Paris. Elle décrit une vie campagnarde, marquée par les rites, mais aussi par le délitement de sa famille, déjà hors norme ; sa mère accouche d’elle à quarante ans passés et meurt peu de temps après. Ensuite, son frère est tué dans une rixe pour défendre l’honneur de sa sœur aînée victime des avances de son patron. C’est dans une existence pauvre et déjà marquée par la perte que commence la série des malheurs de Germinie, qui se poursuivra jusqu’à sa mort à la fin du roman. La comparaison entre sa vie malheureuse et celle de Mlle de Varandeuil est suggérée par le texte : « La vieille femme resta silencieuse : elle comparait sa vie à celle de sa bonne » (G, 64). Le récit énumère alors les revers successifs de la jeunesse de Mlle de Varandeuil, née dans une aristocratie qui rapidement doit faire profil bas à l’arrivée de la Révolution. Le texte déploie un imaginaire du conflit entre Ancien Régime et idées révolutionnaires, dont est issue Sempronie de Varandeuil ; son nom même condense deux cosmologies, Varandeuil étant le nom dont elle hérite par ses origines aristocratiques et Sempronie, son nom de baptême républicain. Sophie Ménard remarque d’ailleurs que la vieille fille est « prisonnière d’un entre-deux à la fois endogamique et historique, qui la voue à donner sa vie aux morts. » (Ménard, 2013 : 133) Les malheurs s’accumulent également dès le début de la vie de Mlle de Varandeuil, car non seulement sa mère l’abandonne, mais elle grandit sous le joug d’un père qui l’empêche de sortir de son statut de liminarité (Scarpa, 2009) et la condamne à rester célibataire, gardant très peu d’attaches et de relations. Elle est contrainte de rompre avec certains membres de sa famille (son frère, par exemple), et ceux qui lui restent trouvent la mort un à un. La trajectoire tragique de Germinie est ensuite complétée par la narration, jusqu’à son entrée au service de Mlle de Varandeuil à partir du moment où elle arrive à Paris, tandis que la bonne tait ses malheurs à sa patronne. Les expériences tragiques se succèdent : elle est violée, tombe enceinte, perd son enfant, puis, plus tard, est victime d’une tentative d’extorsion de la part de son beau-frère qui lui cache la mort de sa nièce pour continuer à lui soutirer de l’argent. Les vies des deux personnages, au moment où la lecture s’amorce, ont déjà été très éprouvantes, comme cela apparaît clairement au cours des premiers chapitres. En effet, le reste du roman se concentre par la suite davantage sur les mésaventures de Germinie, mais à ce moment du récit, le lecteur est appelé à comparer les trajectoires des malheureuses, qui se conçoivent comme une accumulation de malheurs, se faisant parfois écho malgré les différences sociales des deux femmes. De fait, le texte construit des correspondances entre les coups du sort dont sont victimes les deux protagonistes. Si Mlle de Varandeuil se remet d’une maladie avec cette exclamation : « – Allons ! Il faut donc vivre encore ! » (G, 59), Germinie, plus tard dans le récit, va jusqu’à interpeller la sérialité des malheurs qui s’abattent sur elle : « le chagrin, dépassant la mesure des forces de l’être humain, dépasse sa sensibilité, et […] le cœur frappé et qui ne sent plus les coups, dit au ciel qu’il défie : – Encore ! » (G, 201). La répétition de l’adverbe « encore » par chacune des personnages montre à la fois les liens entre leurs malheurs respectifs et leur récurrence, d’ailleurs observée tant par Germinie que Mlle de Varandeuil. Devant la série des malheurs, cette dernière est résignée, tandis que Germinie adopte une attitude défiante, voire provocatrice. Pour chacune d’elles, les malheurs en entraînent parfois d’autres ou se répètent : les grossesses de Germinie se terminent par trois fois dans la tragédie. Adolescente, elle accouche d’un enfant mort-né après avoir subi un viol, puis adulte, elle perd sa fille âgée de quelques mois à la suite d’une courte maladie, et fait quelque temps plus tard une fausse couche causée par l’abus d’alcool. Cela contribue à créer une certaine circularité (Laville, 1997 : 200) du malheur dans le texte ; Germinie va toujours de mal en pis. Si elle connaît parfois un certain répit, les deuils ainsi que les déboires amoureux et financiers reviennent périodiquement et s’aggravent. Le texte compte plusieurs moments décisifs au cours desquels le corps et l’esprit de la bonne vacillent, sont entamés : elle envisage le suicide, commet presque un enlèvement d’enfant et tombe gravement malade. Malgré cela, Germinie résiste et tient fermement à son dernier principe : son dévouement pour sa maîtresse, qui a tant besoin d’elle. Cet attachement singulier et profond reste le seul rempart entre la servante et la déchéance complète causée par la série de malheurs s’abattant sur elle à travers les années. Germinie parvient à cacher ses déboires à Mlle de Varandeuil jusqu’à sa mort, quand cette dernière apprend qu’elle doit éponger les dettes de la disparue.
Si les séries de malheurs des deux femmes sont presque autonomes l’une de l’autre, ne se rejoignant qu’au dénouement du récit, lors de la visite au cimetière de Mlle de Varandeuil, elles sont toutes deux causées par un statut irrégulier au regard de la coutume. Les deux vieilles filles souffrent, de façon inverse, de ne pas appartenir à un foyer : « [s]ur-initiées du point de vue des échanges et des dons, Sempronie et Germinie sont en effet des mal (voire des non) initiées du point de vue de la circulation symbolique fondamentale dans le jeu des transactions matrimoniales. » (Ménard, 2013 : 122) Alors que le texte suggère que Mlle de Varandeuil reste vierge, Germinie, au contraire, est violée très jeune, puis se donne à Jupillon sans être mariée ; elle n’en est pas moins une vieille fille, n’étant pas liée à un homme par le rite matrimonial :
L’irrégularité d’humeur de [Germinie], les dégoûts de sa vie, les langueurs, le vide et le mécontentement de son être, venaient de cette maladie que la médecine appelle la mélancolie des vierges. La souffrance de ses vingt-quatre ans était le désir ardent, irrité, poignant du mariage, de cette chose trop saintement honnête pour elle et qui lui semblait impossible devant l’aveu que sa probité de femme voulait faire de sa chute, de son indignité. (G, 98)
Germinie désire le rite qui la sortirait de l’état d’écart à la coutume dans lequel elle se trouve. Cependant, le texte montre qu’elle-même se considère indigne d’une telle régularisation de sa situation, une faiblesse qui sera par le suite exploitée par les Jupillon pour éviter le mariage. Dès son viol, elle est condamnée par sa famille et « ferm[e] les yeux devant l’idée horrible d’étaler sa honte » (G, 87) ; elle est moins susceptible d’aspirer à une vie réglée par l’ordre coutumier. Quant à Mlle de Varandeuil, elle n’a pas même le loisir de désirer le mariage, « défendu par son père » (G, 71). Elles sont toutes deux « contre-nature », des « hérésie[s] par rapport à l’idéal féminin, […] incapables de susciter le moindre sentiment de tendresse, […] objets de caricature et inversions de l’image féminine » (Dauphin, 1984 : 217), conformément aux représentations dominantes des vieilles filles dans la littérature du XIXe siècle. Les frères Goncourt embrassent la représentation courante des femmes célibataires comme contrepoint indésirable de l’idéal féminin de la bonne mère de famille mariée, un idéal cependant absent du roman ; aucun personnage féminin n’est exempt d’un défaut qui lui permettrait de correspondre parfaitement à la norme matrimoniale.
C’est d’ailleurs par le biais de cette représentation des caractéristiques écartant Germinie et Mlle de Varandeuil d’un idéal féminin que l’on peut observer comment le texte explique leur résilience ou, au contraire, leur absence de résilience, devant les séries de malheurs s’abattant sur elles. Quelles qualités ou défauts les aident ou leur nuisent alors qu’elles font face à un destin malheureux ? Comment s’en relèvent-t-elles ? Pour ce qui est de Mlle de Varandeuil, sa force repose justement dans son manque de féminité. Le texte l’éloigne de l’idéal féminin en la représentant sous des traits masculins : « Ses dehors étaient tout masculins. Elle avait la voix brusque, la parole franche, […] une élocution à elle, garçonnière et colorée » (G, 82). Elle est aussi décrite comme ayant « une certaine rudesse masculine qui repoussait l’expansion. […] Sa bonté virile n’était point miséricordieuse aux malaises de l’imagination, […] à ces ennuis qui s’élèvent des nerfs de la femme et des troubles de son organisme. » (G, 91) Ce sont précisément ces qualités qui l’endurcissent et qui lui permettent de faire face à la sérialité de ses malheurs. Elle est dotée d’une grande agentivité : elle agit sur son entourage et lève la voix devant des situations inacceptables. De plus, elle est décrite comme possédant un « caractère de fer » : « les larmes l’avaient trempée au lieu de l’amollir. Sous la docilité et l’humilité filiales, sous l’obéissance passive, sous une douceur apparente, elle cachait […] une volonté d’homme, un de ces cœurs que rien ne plie et qui ne fléchissent pas » (G, 75). Sempronie de Varandeuil oppose donc aux malheurs qui la frappent des qualités masculines ; si elle contrevient à l’idéal matrimonial, elle correspond du moins à une force et des valeurs qui lui permettent d’affronter les situations difficiles auxquelles elle fait face. Ce n’est certes pas le cas de Germinie qui, si elle ne possède pas de qualités recherchées chez les femmes telles que la beauté ou la jeunesse, n’a pas non plus la chance d’avoir la force et la résolution attribuée aux hommes. Selon une des représentations courantes en littérature de la vieille fille au XIXe siècle relevées par Cécile Dauphin, elle « suscite quantité de métaphores dans le registre de l’animalité » (1984 : 223) : « Elle se mit à aimer cette femme avec une sorte de dévouement animal et à lui obéir avec des docilités de chien. […] elle avait une méchante petite joie d’enfant et de singe […] » (G, 86). Ces métaphores se retrouvent tout au long du texte : Germinie est parfois « simiesque » (G, 96), ou possède un « museau de chatte amoureuse » (ibid., 95). Elle partage d’ailleurs avec les animaux un certain mutisme, une difficulté à se faire comprendre. Elle n’ose pas dire, elle marmonne, grommelle, grogne, maugrée : « – Comment, chienne de bête ! Tu as une fièvre de cheval ! […] – Mais non mademoiselle, balbutia Germinie. Je crois que c’est un gros rhume, tout bonnement… Je me suis endormie, l’autre soir, la fenêtre de ma cuisine ouverte… » (G, 232). Sentimentale, larmoyante, incapable de nommer les maux qui l’affligent, Germinie a un caractère contraire à celui de sa maîtresse. L’accumulation des malheurs l’abêtit : « l’esprit de la bonne de Paris s’en alla peu à peu de sa conversation […] on aurait cru voir revenir la paysanne bête qu’elle était en arrivant du pays » (G, 184-185). Sa nature est peu à peu entamée, et les malheurs sont toujours plus difficiles à affronter. De plus, chaque tentative de s’opposer au malheur se solde par un échec pour la bonne. Si Mlle de Varandeuil parvient à faire chasser de chez son père une domestique devenue maîtresse, Germinie se souvient du destin de son frère, mort pour avoir défendu sa sœur. De la même manière, ses protestations contre son viol sont malheureusement inutiles : « [Joseph] dit à Germinie de venir l’aider. Elle entra, cria, tomba, pleura, supplia, lutta, appela désespérément… La maison vide resta sourde. » (G, 86) S’il ne s’agit pas ici du premier élément de la série des malheurs qui s’abat sur Germinie, il est certainement l’un des éléments marquants de son malheur et précipite sa mélancolie. Sa révolte vaine contre son sort la décourage de tenter à nouveau de s’opposer à sa guigne : « la Fatalité l’écrasait, et Germinie baissait la tête sous son pied. » (G, 200)
La résilience de Mlle de Varandeuil et la déchéance de Germinie se lisent cependant au-delà de leurs réactions immédiates devant les malheurs dont elles sont victimes. Toutes deux, à différents moments du texte, portent un regard rétrospectif sur la série des infortunes les ayant frappées au cours des années. Mlle de Varandeuil est décrite comme la dernière de sa lignée à porter le deuil de ses proches : « elle regrettait […] tous ceux qui avaient fini de souffrir avant elle » (G, 83). Les malheurs de Mlle de Varandeuil ont aussi entraîné la perte de son statut social élevé et de sa richesse, au fil de la Révolution et des frasques de son père, mais pas celle de son esprit : « [elle avait des] yeux vivants et gais, […] [une] robe de pauvreté, [une] noblesse à porter l’âge en tous ses deuils […]. » (G, 156) À la perte d’êtres chers et de son statut, Mademoiselle oppose ce qu’elle appelle « une philosophie » : « sais-tu que quand on est né dans un des plus beaux hôtels de la rue Royale…[…] qu’il fallait deux domestiques pour porter le plat d’argent sur lequel on servait le rôti chez votre grand-mère…sais-tu qu’il faut encore pas mal de philosophie […] pour se voir finir ici […] » (G, 156). Elle reconnaît son malheur, pleure les siens, mais selon sa philosophie, il n’en tient qu’à elle d’y opposer suffisamment de caractère pour le surmonter, ne « cédant [qu’à ses] infirmités » (G, 156) qui limitent ses déplacements. Confrontée au malheur ou alors jetant sur lui un œil rétrospectif, le personnage de Sempronie de Varandeuil voit bien les malheurs qui se sont abattus sur elle, mais fait contre mauvaise fortune bon cœur. Germinie, elle, se laisse entraîner par le malheur, amollie par les larmes et non pas raffermie par celles-ci, contrairement à sa maîtresse :
quand elle suivait depuis son enfance l’enchaînement de sa lamentable existence, cette file de douleurs qui avait suivi ses années et grandi avec elles, tout ce qui s’était succédé dans son existence comme une rencontre et un arrangement de misère, sans que jamais elle y eût vu apparaître la main de cette Providence dont on lui avait tant parlé, elle se disait qu’elle était l’une de ces malheureuses vouées en naissant à une éternité de misère, de celles pour qui le bonheur n’est pas fait et qui ne le connaissent qu’en l’enviant aux autres. Elle se repaissait et se nourrissait de cette idée, et à force d’en creuser le désespoir, à force de ressasser en elle-même la continuité de son infortune et la succession de ses chagrins, elle arrivait à voir une persécution de sa malchance dans les plus petits malheurs de sa vie […]. (G, 200)
La sérialité des malheurs s’inscrit donc jusque dans le système de créance de Germinie. Elle reconnaît la continuité et les liens entre ses malheurs tout au long de sa vie. Selon ce système, les infortunes ne peuvent que s’aggraver pour elle, et chaque nouveau « petit malheur de sa vie », chaque tragédie, s’ajoute à ceux qu’elle a déjà connus. Pour elle, le bonheur et le malheur reposent sur la Providence, et non pas sur ses actions ou une philosophie personnelle, comme c’est le cas pour Mlle de Varandeuil. Elle se sent accablée et lit sa vie au travers du prisme d’un bonheur qu’on aurait omis de lui accorder, condamnée au malheur, ne pouvant que brièvement adoucir son sort ou essayer de ménager des bonheurs accidentels, tous contaminés par l’attente du moment où, à nouveau, le sort frappera inéluctablement. Elle lit sa propre vie comme un récit de malheurs, mais, comme nous le verrons plus tard, elle le lit mal, car elle y inclut des malheurs indignes d’y figurer : « une pièce fausse qu’on lui faisait passer dans une boutique, une commission qu’elle faisait mal, un achat ou on la trompait, tout cela pour elle ne venait jamais de sa faute, ni d’un hasard. C’était la suite du reste. » (G, 200) Pour Germinie, les malheurs se conçoivent comme une série dont elle ne peut s’écarter, et les événements malheureux qui surviennent au cours de son existence ne sont attribuables ni à ses conduites, ni au hasard, alors que certains sont manifestement présentés ainsi par le texte, contredisant le système de créance de la bonne.
Si, jusqu’à maintenant, nous avons montré que les deux personnages principaux, bien que toutes deux frappées par des malheurs en séries, étaient pourtant représentées de façon très différente par le texte, un élément d’importance les joint l’une et l’autre : elles sont toutes deux de fort mauvaises lectrices des intersignes, que Privat définit comme des « signes concrets annonciateurs d’événements (souvent dramatiques) à venir » (Privat, 2005 : 221). Ces signes participent de la logique prédictive du récit (Ménard, 2015) : le lecteur du texte est prévenu, au même titre que les personnages, qu’un malheur est imminent dans la suite de l’action. Reconnaître les intersignes permettrait de les éviter, mais ceux-ci sont souvent méconnaissables, et si leur sens apparaît au lecteur du texte, les personnages échouent à les lire. À juste titre, Germinie et Sempronie sont représentées comme de mauvaises lectrices, dérogeant, au propre comme au figuré, à un acte de lecture normal ou régulé. Ces lectures déréglées se reproduisent alors, par la circularité structurante du texte mentionné plus tôt, dans le déchiffrement des signes prédisant ou indiquant un malheur proche. Mlle de Varandeuil, lors de sa jeunesse, est forcée par son père de traduire la Vie des peintres de Vasari de l’italien au français. M. de Varandeuil lui retire tous ses plaisirs et condamne la jeune fille à cette tâche ingrate : « Deux ou trois ans se passèrent dans ce travail, où finirent par s’abîmer les yeux de Sempronie. » (G, 74) Ses facultés de lecture sont entamées par le malheur de ce père qui la persécute. Paradoxalement, la lecture devient même pour elle un paravent derrière lequel se cacher afin de ne pas remarquer les indices des malheurs affligeant Germinie, dont la qualité du service diminue à la suite de ses déboires :
Malgré sa vivacité, sa facilité à s’emporter, à éclater, à jeter feu et flamme, mademoiselle ne disait rien. Elle avait l’air de ne rien voir. Elle faisait semblant de lire quand Germinie entrait. Elle attendait, racoquinée dans son fauteuil, que l’humeur de sa bonne passât ou crevât. Elle baissait le dos sous l’orage ; elle n’avait contre sa bonne, ni un mot, ni une pensée d’amertume. […] [Pour un bobo de mademoiselle], la vieille bonne se retrouvait aussitôt avec le sourire de son visage et la douceur de ses mains. Quelquefois, dans ces moments-là, mademoiselle lui disait : – Voyons ma fille… tu as quelque chose…Voyons, dis ? Et Germinie répondait : – Non, mademoiselle, c’est le temps… Le temps ! répétait mademoiselle d’un air de doute, le temps… » (G, 159)
Dans cet extrait, on voit moins une incapacité de lire les signes qu’une négligence volontaire à les interpréter. Elle voit bien que l’ordre de sa maisonnée est troublé, mais ne va pas au bout de sa lecture et ne découvre pas le pot aux roses. Mlle de Varandeuil semble ne rien voir, et se contente des explications évasives de sa bonne, mais elle garde un air de doute. Ce savoir intermittent, ignoré, se retrouve dans plusieurs des interactions entre la maîtresse et sa bonne :
Il était bien arrivé quelquefois à Mlle de Varandeuil de sentir à côté d’elle vaguement un secret dans sa bonne, quelque chose qu’elle lui cachait, une obscurité dans sa vie. Elle avait eu des instants de doute, de défiance, une inquiétude instinctive, des commencements de perception confuse, le flair d’une trace qui va en s’enfonçant et se perd dans du sombre. Elle avait cru par moments toucher dans cette fille à des choses fermées et roides, à un mystère, à de l’ombre. Par moments encore, il lui avait semblé que les yeux de sa bonne ne disaient pas ce que disait sa bouche. Sans le vouloir, elle avait retenu une phrase que Germinie répétait souvent : « Péché caché, péché à moitié pardonné. » […] Elle avait si bon cœur et si peu d’ordre ! Elle savait si peu ce qu’était une pièce de cent sous ! Ce n’était que cela : mademoiselle en était sûre ; et comme elle connaissait la nature entêtée de sa bonne et qu’elle n’espérait pas la faire changer, elle ne lui parlait de rien. Quand cette explication ne satisfaisait pas complètement mademoiselle, elle mettait ce qui était inconnu et mystérieux pour elle dans sa bonne sur le compte d’une nature de femme un peu cachotière, gardant du caractère et des méfiances de la paysanne, jalouse de ses petites affaires et se plaisant à enfouir un coin de sa vie tout au fond d’elle, comme au village on entasse des sous dans un bas de laine. Ou bien, elle se persuadait que c’était la maladie, son état de souffrance continuel qui lui donnait ces lubies et cette dissimulation. Et sa pensée, dans sa recherche et sa curiosité, s’arrêtait là, avec la paresse et aussi un peu l’égoïsme des pensées de vieilles gens, qui, craignant instinctivement le bout des choses et le fond des gens, ne veulent point trop s’inquiéter ni trop savoir. Qui sait ? peut-être toute cette cachotterie n’était-elle rien qu’une misère indigne de l’inquiéter ou de l’intéresser, une chamaillade ou une brouillerie de femmes. Elle s’endormait là-dessus, rassurée, et cessait de chercher. (G, 176-177)
Dans cette longue citation se retrouvent plusieurs des éléments qui montrent l’aveuglement dont fait preuve Mlle de Varandeuil à l’égard de Germinie. Non seulement la maîtresse relève tous les signes que sa bonne laisse échapper, mais elle en renverse l’interprétation et leur accorde une valeur positive, en minimise la portée, et va même jusqu’à les attribuer à un système de créance lui étant étranger, le système paysan. On peut aussi lire son éloignement du féminin alors qu’elle rejette du revers de la main les « brouilleries de femmes », indignes de l’intéresser ou d’avoir une incidence sur elle. Son esprit tente de lire les signaux qu’envoie Germinie, et elle peine à se convaincre elle-même, dans l’une des rares occurrences de discours indirect libre dans le texte : « Ce n’était que cela : mademoiselle en était sûre. » En donnant à voir les interrogations et les remises en question de Mlle de Varandeuil, le texte nous donne à lire les stratégies qu’elle emploie pour ne pas reconnaître les signes du malheur chez sa domestique. Car si, comme Germinie le dit, « péché caché est à moitié pardonné », ignorer le péché est la seule façon pour Mlle de Varandeuil de passer outre les fautes de sa bonne. Elle est décrite dans le texte comme incapable de pardonner : « […] quelque chose pourtant manquait à sa bonté : le pardon. Jamais elle n’avait pu fléchir ni plier son caractère jusque-là. » (G, 81) Fermer l’œil sur les fautes est donc pour Sempronie la seule façon d’accorder un semblant de pardon à Germinie, sans qu’elle puisse s’avouer à elle-même cette manipulation. Elle est sur-initiée à la vue, mais mal-initiée à l’interprétation et la traduction des signes. Mademoiselle est manifestement très perspicace ; mais si elle voit bien les intersignes, elle est tout aussi habile à leur trouver des causes innocentes et à les ignorer, que ce soit par paresse et égoïsme, comme le dit le texte, ou par souci d’éviter de se séparer de Germinie. En effet, en raison de son incapacité de pardonner, mais aussi en raison des usages de l’époque, une séparation aurait été inévitable à la suite de la découverte des secrets de Germinie. La non-sexuation des domestiques est extrêmement importante à l’époque du roman (Beal, 2019), du moins, chez les familles honnêtes (Adèle, servante d’une femme entretenue, n’a pas à répondre aux mêmes critères de probité) et une loi garantit même le renvoi en cas de grossesse. En effet, au cours du XIXe siècle et jusqu’à la Belle Époque s’installe une grande surveillance des domestiques, et en particulier des bonnes. Les employeurs veulent préserver leur vertu, certes, pour maintenir une apparence de bonne maison, mais aussi pour exercer un contrôle sur le corps laborieux (Beal, 2019). Cette surveillance était très resserrée, et il était courant que les maîtres inspectent les malles de leurs domestiques, voire demandent à voir des preuves des menstruations. Mlle de Varandeuil est loin d’exercer un tel contrôle sur Germinie et sur son corps. Outre le fait que ces pratiques de surveillance étaient moins répandues dans l’Ancien Régime dont Mlle de Varandeuil est issue, la vieille femme traite Germinie presque comme sa fille, et lui porte beaucoup d’affection. Cet amour porté à Germinie par sa maîtresse, et le souci de cette dernière de ne pas découvrir une vérité qui la forcerait à se départir de sa servante sont aux sources d’une mauvaise interprétation des signes de malheur par Mlle de Varandeuil.
Cependant, un autre obstacle se dresse entre Mlle de Varandeuil et l’interprétation adéquate des signes du malheur de Germinie. Si celle-ci est tout aussi mauvaise lectrice que sa maîtresse – nous y reviendrons – elle est cependant une excellente actrice, tentant de cacher les indices de sa déchéance. Le texte construit Germinie comme ayant une double vie, débauchée d’un côté, au vu et au su du quartier, mais toujours vertueuse aux yeux de Mlle de Varandeuil. Elle semble souvent jouer un rôle, le texte allant même jusqu’à lui accoler des qualificatifs propres au monde du théâtre. Alors que son état physique se dégrade, elle doit commencer à cacher les signes de son mal à toutes ses connaissances et aux commerçants : « Il fallait qu’elle fît bonne figure […] pour empêcher les alarmes de l’argent de monter l’escalier et de s’adresser à mademoiselle. Cette comédie horrible et nécessaire, elle la soutint. Elle fut héroïque à faire mentir tout son corps […] » (G, 235). C’est à son corps défendant qu’elle parvient à cacher son malheur aux yeux de tous. Mais sa chair déjoue d’elle-même ce jeu de la dissimulation ; dans une autre scène, tandis que Germinie fait une sieste sur le lit de sa patronne, Sempronie la surprend à se disputer en rêve avec un homme : « Les phrases sortaient de sa bouche, avec leur rythme, leur déchirement, et leurs larmes, ainsi que de la bouche d’une comédienne admirable. […] Mademoiselle restait confondue, stupéfaite, écoutant comme au théâtre. […] un pareil jeu, de telles intonations, […] elle ne se les rappelait que de Mlle Rachel. » (G, 191) Le jeu et la dissimulation deviennent soudain si naturels et convaincants qu’ils prennent des accents d’authenticité et de franchise, et c’est par eux que Mlle de Varandeuil entrevoit les malheurs de sa servante. Germinie est comparée à Mlle Rachel, une comédienne dont il est question plus tôt dans le texte, et sa maîtresse croit assister à un spectacle. Si l’association faite par Mlle de Varandeuil entre sa servante et une actrice suggère que Germinie la trompe et joue un rôle, ce n’est pourtant qu’à la mort de cette dernière que sa maîtresse comprend le sens des signes qu’elle avait pourtant vus. Remarquons d’ailleurs la prépondérance de la vision dans ce passage au cours duquel Sempronie découvre peu à peu, après la mort de Germinie, les raisons de son malheur : « Il lui revenait […] de ces riens auxquels le tombeau fait penser et que la mort éclaire. […] Elle retrouvait, avec ces yeux qu’on a pour ceux qui ne sont plus, les regards si tristes de Germinie, des gestes, des poses qu’elle avait, ses visages de désespoir. » (G, 257) Mlle de Varandeuil attribue enfin les sens appropriés aux signes de malheur qui se trouvaient devant elle pendant tout ce temps, au moment où elle s’autorise à pardonner à la morte2.
Germinie est elle aussi montrée dans le texte comme une mauvaise lectrice. Cependant, dans son cas, il ne s’agit pas d’un aveuglement volontaire, et elle n’est pas aussi perspicace que sa maîtresse, puisqu’elle ne reconnaît tout simplement pas les intersignes alors qu’ils se présentent à elle. Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi : « Elle [surprenait] souvent Mlle de Varandeuil par sa vivacité de compréhension, sa promptitude à saisir des choses demi dites […]. Elle avait aussi ce fond de lectures brouillées qu’ont les femmes de sa classe quand elles lisent […] elle avait passé ses nuits à dévorer des romans » (G, 210). Si ses lectures sont « brouillées » et sont « caractéristiques des femmes de sa classe », Germinie est tout de même représentée comme une lectrice vive, à défaut d’avoir une lecture claire des choses. Malheureusement, cela change au fil de ses malheurs, qui pèsent toujours plus sur son corps et son esprit : « Mademoiselle, pour ménager ses yeux fatigués, avait pris l’habitude de se faire lire par elle le journal : Germinie arriva à tellement ânonner, à lire avec si peu d’intelligence, que mademoiselle fut obligée de la remercier. » (Goncourt et Goncourt, 1997 [1865] : 185). Elle perd progressivement toute finesse d’esprit, et lit sans « intelligence » les signes qui se présentent à elle. Comme le montre Sophie Ménard à l’aide de l’épisode de la mort de l’enfant de Germinie, tout le récit de Germinie Lacerteux est structuré par des systèmes d’annonces (Ménard 2014). Le personnage de Germinie s’empare toutefois de ces annonces de travers, en fait une lecture « brouillée » selon sa « classe » : « Ce savoir de la mantique est discrédité par le texte. D’une part, il est renvoyé à un registre paysan, enfantin et anachronique: Germinie croit “comme tous les gens de la campagne” à des superstitions “de jeunesse”. Et, d’autre part, cette “faiblesse populaire”, comme l’écrivent les Goncourt, conduit à une erreur d’interprétation : les signes n’ont pas les sens prévus. » (Ménard, 2014)
En effet, non seulement les signes n’ont pas les sens prévus, mais ils sont même parfois porteurs d’annonces contraires, que Germinie interprète à tort en sa faveur. Si l’on a montré, plus tôt, que Mlle de Varandeuil ignorait les signes allant à l’encontre de ses désirs, Germinie, elle, les distord pour faire advenir en eux l’annonce d’un événement souhaité. Ceci se lit de façon particulièrement claire lorsque la bonne tente de lire son avenir dans le marc de café :
Elle égouttait l’eau du marc, attendait quelques minutes, respirait dessus avec le souffle religieux dont sa bouche d’enfant touchait la patène à l’église de son village. Puis, se penchant, elle se tenait la tête en avant, effrayante d’immobilité, les yeux fixes et perdus sur la traînée de noir éparpillée en mouchetures sur l’assiette. Elle cherchait ce qu’elle avait vu trouver à des tireuses de cartes dans les granulations et le pointillé presque imperceptible que le résidu du café laisse en s’écoulant. Elle s’usait la vue sur ces milliers de petites taches, y déterrait des formes, des lettres, des signes. Elle isolait avec le doigt des grains pour se les montrer plus clairs et plus nets. Elle tournait et roulait lentement l’assiette entre ses mains, interrogeait son mystère de tous les côtés, et poursuivait dans son cercle des apparences, des images, des rudiments de nom, des ombres d’initiales, des ressemblances de quelqu’un, des ébauches de quelque chose, des embryons de présages, des figurations de rien qui lui annonçaient qu’elle serait victorieuse. Elle voulait voir et se forçait à deviner. Sous la tension de son regard, la porcelaine s’animait des visions de ses insomnies ; ses chagrins, ses haines, les visages qu’elle détestait, se levaient peu à peu de l’assiette magique et des dessins de hasard. À côté d’elle la chandelle, qu’elle oubliait de moucher, jetait sa lueur intermittente et mourante : la lumière baissait dans le silence, l’heure tombait dans la nuit, et comme pétrifiée dans un arrêt d’angoisse, Germinie restait toujours clouée là, seule, et face à face avec la terreur de l’avenir, essayant de démêler dans les salissures du café le visage brouillé de son destin, jusqu’à ce qu’elle crût apercevoir une croix à côté d’une femme ayant l’air de la cousine de Jupillon, — une croix, c’est-à-dire une mort prochaine. (G, 197-198, les auteurs soulignent)
Au cours de ce passage, on peut observer que Germinie mêle les systèmes de créance ; son « souffle religieux » rappelle la religion de l’église de son village, mais elle effectue également une prière païenne, occulte, adressée aux grains de café. Pire encore, elle va jusqu’à triturer le café, à agiter l’assiette, ce qui est rigoureusement interdit selon les guides de divination de l’époque (Trismégiste, 1845 : 108). Elle perturbe le rituel afin d’y voir ce qu’elle cherche. De plus, comme le remarque Silvia Disegni, elle contrevient à d’autres impératifs du rite, car elle lit le marc de café seule, interrogeant et interprétant à la fois, sans sorcier intermédiaire : « À Paris, la servante arrache le rite à son contexte collectif (celui de la communauté partageant la croyance), qui peut, seul, lui conférer sa valeur sacrée, sa vérité et son efficacité. » (Disegni, 2013) Cette mauvaise lecture, cet écart au rite, cette contre-interprétation des intersignes offerts par le marc de café donne lieu à une des scènes les plus glaçantes du texte, lorsque Germinie distingue une croix représentant pour elle la mort de sa rivale, la cousine de Jupillon. Évidemment, le lecteur ne peut s’empêcher de penser que la femme menacée d’une mort prochaine est bien Germinie, mais cette dernière, comme devant la mort imminente de son enfant, ne voit que de faux signes d’espérance et échoue à voir son malheur se profiler devant elle (Ménard, 2014 : 258). C’est en effet son obsession pour Jupillon qui non seulement cause sa chute, mais précipite également sa mort, car c’est en le guettant en compagnie de sa rivale, sous la pluie, qu’elle attrape la pleurésie qui l’enterrera. Sa contre-lecture des intersignes, causée par un déchiffrement orienté et des interférences avec le rite de divination, lui est donc fatale.
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Les deux femmes, par leurs erreurs de lecture, échouent à se prémunir de malheurs qui sont pourtant annoncés par le texte. Alors qu’elles sont toutes deux victimes de malheurs en série, elles se remettent cependant différemment de l’accumulation de leurs infortunes ; et Sempronie survit à Germinie, emportée par une mort prématurée. Même libérée de la souffrance par la mort, la servante subit un dernier malheur, celui de ne pas avoir de sépulture appropriée. Elle restera pour toujours une mauvaise morte, ne réussissant jamais à occuper la place promise par la Providence : « Germinie avait été enterrée sans une croix ! […] Pour prier sur elle, il fallait prier au petit bonheur entre deux dates, – comme si la destinée de la pauvre fille avait voulu qu’il n’y eût, sur la terre, pas plus de place pour son corps que pour son cœur ! » (G, 262) Pour Sophie Ménard, « [l]e roman du peuple que veulent écrire les Goncourt est une tragédie fondée sur des erreurs de calcul et sur une mauvaise maîtrise des lois de l’échange. » (Ménard, 2013 : 133) Force est de constater que si le malheur frappe les personnages en raison de leurs mauvais calculs ou de leur participation déréglée à un système dont ils ne maîtrisent ni les tenants ni les aboutissants, leurs mauvaises lectures les condamnent à subir le sort leur étant destiné.
Matthey-Jonais, Eugénie, « “Encore !” : Dualité de la sérialité des malheurs et des “lectures brouillées” dans Germinie Lacerteux des frères Goncourt », dans M.‑A. Bernier, S. Ménard et É. St-Martin (dir.), Les vies de malheur(s) au XIXe siècle, décembre 2021, en ligne sur le site Ethnocritique : https://ethnocritique.com/fr/entree-de-carnet/encore-dualite-de-la-serialite-des-malheurs-et-des-lectures-brouillees-dans.
Beal, M., « “Crise de la domesticité” ou crise de la surveillance domestique ? Une étude du quadrillage domestique à la Belle Époque », Des champs aux cuisines : Histoires de la domesticité en Rhône et Loire (1848-1940), Lyon, ENS Éditions, « Sociétés, Espaces, Temps », 2019, p. 99‑112.
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Goncourt, E., et Goncourt, J., Germinie Lacerteux, Paris, Flammarion, « Garnier‑Flammarion », 1997 [1865].
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