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Résumé: La nouvelle de J. L. Borges – « La mort et la boussole » (Fictions, 1942) – met en conflit mortel un détective inscrit dans la filiation du roman policier classique – « un pur raisonneur » – et un tueur qui obéit – entre autres – à la loi implacable des petites sociétés à honneur (la fratrie, le sang, les morts). Notre étude ethnocritique vise à montrer comment une affiliation à des cosmologies contradictoires (monde de la raison graphique/monde de la pensée sauvage) trouve sa résolution fatale dans l’intelligence rusée du bandit d’honneur maitre en mètis. Notre lecture s’éloigne donc des lectures marquées d’un certain formalisme narratologique. L’analyse de quelques cas concrets d’hétérophonie culturelle et narrative permet de pointer en quelle façon une herméneutique lettrée traditionnelle fait obstacle à une interprétation anthropologique du récit, son architecture, ses valeurs, ses croyances.
Plan de l'article:
1) Un conte policier ou l’ensauvagement du récit
Une inquiétante familiarité
Une petite société à honneur
La (mauvaise) mort
La suffisance du Logos
La prégnance de la culture écrite
Le commissaire Treviranus ou la science positive des faits
Lönnrot, « un pur raisonneur » ou la déraison graphique
2) L’intelligence rusée de la mètis
3) Le récit comme un piège
La renardie narrative
Une sémiographie
Le sous-texte des parenthèses
Une figure de l’oblique
L’art de l’articulation
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