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L'ethnocritique de la littérature

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L'ethnocritique de la littérature

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Parution d'un nouvel article de Jean-Marie Privat et Marie Scarpa qui retracent les « conditions de production » de la démarche ethnocritique et son « moment ».

Référence: Jean-Marie PRIVAT et Marie SCARPA, «L’ethnocritique de la littérature», Sociopoétiques [En ligne], n°3, http://revues-msh.uca.fr/sociopoetiques/index.php?id=181.

 

Premières lignes: 

L’ethnocritique est une approche critique, pour le dire vite, qui se donne pour objet l’étude de la pluralité culturelle constitutive des œuvres littéraires telle qu’elle peut se manifester dans la configuration d’univers discursifs plus ou moins hétérogènes et hybrides. Pensons aux configurations croisées de l’oralité attestée ou inventée et de l’ordre graphique dans la poésie de Rimbaud ou les romans de Joyce, au continuum des modulations entre cultures folkloriques et culture légitime chez Cervantès ou Sand, aux tensions actives entre cosmologies religieuses et profanes dans La Comédie humaine, aux interactions dynamiques entre mondes masculins et féminins chez Duras ou Koltès, aux conflits d’affiliation entre pensée sauvage (ou artistique) et logique scientifique chez Zola, ou Carlo Levi, etc. Toute culture vivante est « meslée » (Montaigne), le produit d’incessants branchements et de perpétuels réarrangements ou réinventions sémantiques et sémiotiques de ses schèmes, valeurs et imaginaires. L’ethnocritique analyse dans cette perspective la dialogie culturelle à l’œuvre dans les œuvres littéraires.

Cette analyse de l’intraculture des œuvres se conçoit selon un travail d’articulation d’une poétique des textes littéraires et d’une ethnologie du symbolique. Elle s’inscrit dans un vaste mouvement épistémologique de relecture des biens symboliques : ethnographie historique du quotidien, micro-histoire et microsociologie des mœurs, anthropologie des cultures orales et des mo(n)des de l’écrit, ethnologie du proche et du présent voire ethnologie de soi et du semblable. Du côté de la théorie littéraire, la génétique textuelle, les travaux sur la dynamique des genres, la polyphonie et le dialogisme, l’analyse du discours, l’histoire culturelle (et de manière générale, le recours plus assumé aux sciences humaines), permettent de reconsidérer l’hypothétique « clôture » autotélique du texte. Ainsi la voie semble-t-elle ouverte pour une lecture de la littérature attentive à la culture de l’oeuvre (et non simplement à la culture dans l’œuvre). Revenons plus précisément sur les « conditions de production » de notre démarche et son « moment ».