Une série de lettres évoquant l’homosexualité au XIXe siècle existe sous le nom du Roman d’un inverti-né1, dont on estime l’écriture à l’année 1889. Dans ces lettres anonymes adressées à Émile Zola – qui venait alors tout juste de publier Le Rêve (1888) –, l’auteur revendique une plus grande représentativité de personnages inspirés de personnes comme lui, c’est-à-dire des homosexuels, dans le roman naturaliste. En septembre 1896, sept ans plus tard, paraît la Suite du roman d’un inverti-né, adressée au médecin ayant analysé le Roman d’un inverti-né. Cette même année, le Dr Laupts avait effectivement publié son recueil médical Tares et poisons, perversions et perversité (1896), dans lequel il proposait une lecture des écrits de l’épistolier en tant que confession homosexuelle, alors traités comme un aveu de monstruosité. Malgré cette condamnation, le jeune homme aborde avec candeur sa tare, considérant comme positive toute attention sur cette maladie. Empreintes de subjectivité, ces lettres rassemblées dans ces deux ouvrages portent une lumière nouvelle sur un jeune aristocrate italien et sur ses relations avec divers hommes, dont l’une est hautement problématique au point de vue des logiques initiatiques et de la cohérence narrative : il s’agit du premier amour du narrateur. La liaison entre l’Italien et le sergent est analysée ici dans une perspective ethnocritique, d’abord sous l’aune des rites de passage, puis sous l’aspect problématique de la mort du sergent. L’hypothèse qui sous-tend le présent travail repose sur la liminarité du militaire, personne qui n’accomplit que fort mal les rituels sociaux qu’il traverse. On verra que la mort du sous-officier, outre qu’elle est annoncée, acquiert les caractéristiques anthropologiques de la mauvaise mort, celles-ci étant de surcroît visibles dans le traitement narratif qu’accorde l’Italien au sergent dans les lettres.
L’on peut observer ici un exemple de l’écriture de l’Italien. Le manuscrit de la Suite du roman d’un inverti-né a été conservé dans les archives d’Émile Zola. Ce manuscrit est reproduit intégralement dans l’édition dirigée par Michael Rosenfeld (2017). L’on remercie les Nouvelles éditions Place et Cyrille Zola-Place pour l’autorisation d’intégrer cette image.
Essentiels au bon fonctionnement des sociétés, les rites de passage (du berceau à la tombe) sont nécessaires pour assurer une transition aisée entre deux états sociaux distincts. « [C]orrespond[ant] au processus de socialisation des individus en termes d’apprentissage des différences de sexe et d’état » (Scarpa, 2009a), ils se produisent en trois phases distinctes selon la classification de l’ethnologue Arnold Van Gennep : les rites de séparation, la période de marge et les rites d’agrégation (Van Gennep, 1981). La phase de marge est celle où se forge l’identité de l’initié, où il décide, consciemment ou non, de sa place future dans la communauté. Cette construction identitaire se fait, comme l’exprime Marie Scarpa, « dans l’exploration des limites, des frontières […] sur lesquelles se fonde la cosmologie d’un groupe social, d’une communauté » (Scarpa, 2009a). L’ethnocritique, qui s’intéresse aux relations entre ethnologie et texte littéraire, fait l’hypothèse que la littérature met souvent en scène des personnages qui accomplissent mal les rites et qui sont pris indéfiniment dans un état marginal (soit dans la phase de l’entre-deux). Elle les appelle les « personnages liminaires ». Et nous verrons que le sergent et l’Italien dans les Lettres appartiennent à cette catégorie de personnages qui ne mènent pas à terme leurs passages initiatiques.
Le service militaire, en France comme ailleurs en Occident, est l’un de ces rites de passage important pour les jeunes hommes2. La conscription était en effet au XIXe siècle le « cérémonial par excellence de sortie de la jeunesse » (Bozon, 2002 : 24). Ce rite de passage possédait, jusqu’en 1905, un caractère aléatoire, les conscrits pigeant au sort leur fonction dans l’armée (Bozon, 1987 : 301). Le processus différait légèrement pour les personnes issues de la noblesse ou de la grande bourgeoisie : ces derniers pouvaient payer une somme pour retarder ou devancer leur service militaire (entre dix-huit et vingt-sept ans, plutôt que les vingt ans prévus par la loi), en réduire la durée (une année, plutôt que cinq) et choisir la fonction au sein du corps militaire3 (Rovinello, 2013 : 489). L’aristocratie évitait donc le hasard de la méthode normalement en vigueur. Ceux qui étaient choisis, ou qui s’inscrivaient volontairement, étaient célébrés par toute la communauté et passaient leur temps ensemble « à boire, manger et chanter, à éprouver leur résistance et à tester leur virilité » (Bozon, 2002 : 24). Adulés et louangés, ces derniers « se rendaient en groupe, drapeau en tête, au bordel de la localité pour “faire leurs premières armes” » (Bozon, 2002 : 25). Être apte au service militaire, « être déclaré bon pour le service » était l’équivalent d’« un brevet de masculinité » (Bozon, 2002 : 25). Suivant la coutume décrite par Bozon, les décisions importantes (mariage, emploi, famille) des hommes étaient prises après leur passage dans l’armée. Le moment du service militaire marquait donc un passage, soit la transition entre la vie de garçon et celle d’adulte, puisque c’est après la conscription que traditionnellement ils se mariaient. Gage de virilité, leur passage dans l’armée « [attestait leur] aptitude au mariage et aux relations sexuelles » (Bozon, 2002 : 25), l’adéquation était faite entre les qualités guerrières et les qualités maritales.
Comme Bozon l’indique clairement, le service militaire est une phase de marge, moment où les identités se forgent, où l’individu masculin apprend et définit sa place dans le monde. Loin du domaine familial, le narrateur du Roman d’un inverti-né se retrouve dans un espace liminaire. Soigneusement traité toute sa vie, l’aristocrate doit maintenant affronter le monde extérieur sans aide, sans la sécurité qu’apportent ses parents. Ce premier déplacement confine l’Italien dans la marge qui sépare l’enfance de l’âge adulte, car jamais il ne se mariera. Toutefois, le récit de l’épistolier fait apparaitre une double marge : non seulement le jeune homme est en plein passage vers la virilité, mais il doit affronter la marge sexuelle dévoilée par le service militaire.
Ce deuxième état liminaire est souligné par la relation entretenue entre l’aristocrate et le sergent, jeune sous-officier d’environ vingt-cinq ans. Les deux hommes se rencontrent durant le volontariat du narrateur et deviennent rapidement amants. Décrit par le texte comme une personne silencieuse et modeste, gracieuse et « de la plus jolie figure » (RI, 2017 : 31), le sergent est d’un rang social inférieur à l’aristocrate : « ils [les nobles dans l’armée] se voyaient avec déplaisir préférer un jeune homme qu’ils ne considéraient pas comme de notre rang. » (RI, 2017 : 38) Courageux, il est même comparé « à Hector ou à Achille » (RI, 2017 : 33), les héros favoris de l’enfance de l’épistolier. Cette rencontre est décisive dans la vie de l’Italien, pour qui « l’idée de devoir [se] séparer pour longtemps, sinon pour toujours, de [son] ami [lui] était insupportable » (RI, 2017 : 38). Elle donne également le ton au traitement du sergent dans la Suite du roman d’un inverti-né, où l’Italien décrit le sergent comme « le seul [qu’il ait] véritablement aimé » (RI, 2017 : 99). Or malgré cette déclaration amoureuse a posteriori de la part de l’Italien, on peut affirmer que le jeune sergent vit plusieurs malheurs en raison de sa relation anormale, « monstrueuse4 » avec l’aristocrate.
Les deux hommes sont encore jeunes, soit environ dix-neuf ans pour l’Italien et vingt-cinq ans pour le sous-officier. La situation familiale de ce dernier ayant changé – son père s’est remarié et a eu de nouveaux enfants – cela a mené le sergent à rejoindre l’armée dès ses dix-sept ans, et constitue la raison pour laquelle il y est resté (RI, 2017 : 32). C’était un homme « qui faisait si tristement son devoir, était sobre et sortait peu » (RI, 2017 : 32). Ce jeune soldat « d’une merveilleuse beauté » (RI, 2017 : 32) nous apparait dans un état de marge, ne souhaitant pas retourner à la société civile. Plusieurs raisons pourraient pousser le sous-officier à demeurer dans l’armée, dont la perspective d’un avancement professionnel. Toutefois, un indice dans le texte suggère que cette théorie est fausse, justement parce qu’il fait si tristement son devoir. Ce n’est pas l’appel des armes qui semble le maintenir dans l’armée, mais plutôt l’absence d’avenir et le sentiment de ne pas appartenir à sa communauté d’origine : « Il n’avait pas de mère, et son père avait d’une autre femme plusieurs enfants ; c’était ce qui l’avait poussé à continuer la vie militaire » (RI, 2017 : 32). Cette solitude pourrait l’avoir mené à chercher du réconfort auprès de ses collègues. C’est du moins lors de discussions intimes, alors que l’aristocrate « prodiguait comme par plaisanterie les plus douces caresses et les mots les plus flatteurs » (RI, 2017 : 34), que la relation entre les deux hommes commence. L’état de marge que constitue le service militaire, tant pour l’épistolier que pour le sergent, semble avoir joué un rôle important et essentiel pour que puisse se développer cet amour. Le service militaire est un moment hors de la société et d’où les femmes sont absentes. C’est en effet dans les périodes liminaires que la construction de l’identité se fait par « le détour vers l’autre » (Scarpa, 2009a). Cela expliquerait la découverte par le sergent d’une sexualité nouvelle, différente de tout ce qu’il avait connu dans son passé. Ce « détour par l’autre », dans un territoire inexploré, est dangereux en raison des risques associés à cette marge. Il est effectivement possible de rester pris dans cette altérité et, par conséquent, de ne jamais terminer le rite et devenir non-initié, mal initié ou sur-initié (Scarpa, 2009a). Alors que le sergent est mal-initié par l’Italien, ce dernier est un sur-initié : « Il [le Capitaine] inventait les positions les plus étranges, les mouvements alternés et cadencés, les sauts et les torsions les plus extraordinaires, je ne vous dirai pas tout ce qu’il m’apprit. » (RI, 2017 : 44). Effectivement, l’amour que le sergent porte à l’Italien est problématique et l’empêche, à terme, de devenir un « vrai » homme selon les codes de virilité en vigueur à l’époque5. Il reste dans cette altérité sexuelle, un état liminaire, jusqu’à sa mort quelques mois plus tard lors d’une querelle d’ivrognes.
Le service militaire étant l’étape ultime menant à la vie d’homme et au mariage, plusieurs pratiques sexuelles et initiatiques sont associées à la vie militaire. La plus évidente, celle qui demeure dans l’esprit collectif jusqu’à aujourd’hui, demeure la visite des institutions que Bozon appelle les bordels, où on paye pour les services sexuels rendus. L’aristocrate n’a jamais apprécié ces visites dans les maisons publiques, d’où il sort « écœuré et désolé » (RI, 2017 : 27). Il y retourne à quelques reprises, « avec le désir de vaincre [sa] répugnance et de faire ce que les autres font » (RI, 2017 : 27), sans jamais réussir. L’épistolier apprend au lecteur que le sergent ne visite les bordels qu’une ou deux fois par mois, principalement en raison de sa situation financière précaire (RI, 2017 : 33). En accord avec les traditions établies par Bozon, le sergent respecte les normes sociales qui le mèneraient à la vie maritale, vie qui l’attend au sortir de l’armée.
La pratique qui consiste à « faire ses armes » (Bozon, 2002) dans les bordels n’est pas la seule ayant cours dans les camps militaires. Ainsi, pendant que leurs collègues profitent de leurs temps libres pour aller « à la promenade […] au théâtre » ou pour des « amusements » (RI, 2017 : 36), sous-entendu pour les exploits sexuels réalisés dans les maisons publiques, l’épistolier et le sergent disposent de moments seuls pour être ensemble, pour se courtiser (RI, 2017 : 33). Malgré l’absence de statistiques, les lettres formant le Roman d’un l’inverti-né et quelques autres récits écrits à la même époque indiquent que, même dans une proportion marginale, certains hommes pratiquaient un amour homosexuel6. Tentant de comprendre l’inversion temporaire de certains hommes, certains médecins, comme le Dr Laupts qui publie les lettres de l’Italien, l’expliquent par l’absence de femmes du milieu militaire : « B…, né homme, a toujours été homme par le caractère, par l’intelligence, par l’instinct. Il ne s’est inverti que lors d’un séjour prolongé dans une agglomération d’où la femme était bannie » (Laupts, 1896 : 9). D’autres affirment tout simplement que ces hommes ont toujours ressenti ces pulsions homosexuelles7. Néanmoins, ces pratiques jugées « perverses », pour reprendre le vocabulaire de l’époque, mènent les hommes loin du mariage, de la famille et de la vie en société.
Alors que le service militaire est un moment pour la guerre et le combat, le récit que l’Italien fait de son année dans l’armée ne relate aucun épisode d’entraînement ; si ces périodes d’activité guerrière sont évoquées, elles ne le sont qu’indirectement : « Les nombreuses occupations, les leçons au manège » (RI, 2017 : 30). Tout ce qui fait la virilité d’un homme, normalement acquise lors du service, n’est pas abordé dans les lettres de l’épistolier. Ces qualités sont « la force et la résistance à la fatigue, l’aptitude à surmonter la souffrance physique et la douleur morale [et] l’acceptation d’enfin verser son sang pour la défense du pays » (Bertaud, 2011 : 63). Celles-ci effraient pourtant l’auteur du récit : « La fatigue, la contrainte, la terrible discipline m’effrayaient beaucoup. » (RI, 2017 : 30) Non seulement l’Italien rejette-t-il ces valeurs associées à la virilité, mais elles sont en plus complètement évacuées du récit, au profit d’une initiation à une sexualité nouvelle. Cette éducation, différente de celle attendue lors du volontariat, constitue une sorte de fabrique de la virilité à l’envers. Cette phase de marge qu’est le service militaire contribue donc, dans certains cas, à l’apparition de vices moraux divers, dont l’homosexualité. Privé de femmes, le campement des soldats devient un lieu propice pour la « déviation des pulsions génésiques » (Bertaud, 2011 : 78). Le rite militaire devant préparer à la vie en société et ultimement au mariage contribue dans ce cas-ci à détruire ce même idéal familial.
Par son manque d’enthousiasme pour les femmes, l’officier capte l’attention de l’Italien. La façon dont ses paroles sont rapportées par l’épistolier ne relève aucun intérêt de la part du sergent pour celles-ci. L’on assiste toutefois à une situation complètement différente quand il est avec l’Italien : « Je n’ai jamais autant joui avec une femme […] et leurs baisers et leurs caresses ne sont pas si chauds et passionnés. » (RI, 2017 : 35) Les soins apportés par la présence d’un amant ont bouleversé la vie du jeune soldat. Toutefois, aucune mention n’est faite par le premier critique de ces documents humains, le Dr Laupts, concernant cette zone grise. Le récit de l’aristocrate, accordant tout l’espace aux sentiments et émotions intimes, déplace les événements attendus lors du service militaire. Ce déplacement, doublé par le meurtre de l’officier dans un contexte peu glorieux, suscite un questionnement sur la nature de cette mort et sur ses conséquences symboliques.
Rappelons que le sergent meurt dans une querelle d’ivrognes quelques mois après sa rupture avec l’Italien : « six mois après [le] départ [de l’Italien] […] [le sergent] fut tué d’un coup de pistolet par un de ses compagnons ivres qui avait eu une querelle avec lui au sujet de leur service. Il meurt tout de suite sur la route bordée de sapins qui s’étend de la ville à la forteresse. » (RI, 2017 : 38)
Quelques indications, agissant comme des annonces funestes, sont présentes dès l’arrivée de ce jeune sous-officier, ce qui mène le lecteur attentif à prédire cette funèbre issue. En premier lieu, la sexualité, et plus particulièrement l’homosexualité, joue un rôle extrêmement important : cette raison est mise de l’avant par Laupts pour justifier la fin tragique du sergent. Il indique que l’aristocrate est responsable de la mort du sergent, puisque ce dernier a été corrompu par les pratiques perverses de l’inversion sexuelle (Laupts, 1896 : 101), sans considérer son manque d’intérêt pour les femmes et son attrait certain pour l’Italien. L’épistolier, peu de temps avant de décrire le début de leur vie sexuelle active, soliloque sur le désir qu’il a pour le sergent et sur sa peur de l’affirmer, il conclut en disant qu’il « serait mort de honte avant d’avoir terminé l’horrible phrase » (RI, 2017 : 33). Le texte passe directement aux premiers ébats des deux hommes. Pourrait-on suggérer que cette honte perdure et affecte plus tard le sergent, une fois que celui-ci se retrouve seul avec ses désirs nouvellement éveillés ? Une continuité semble s’établir entre la mort symbolique (« mourir de honte ») et la mort réelle. Une seconde phrase semble annoncer la mort du sergent et les conditions entourant celle-ci : « Le fourrier, qui dormait dans une petite chambre à côté, [était] ivre mort lui aussi » (RI, 2017 : 34). Les mots « ivre mort » précèdent de quelques instants les premières caresses fatidiques. Ces mots semblent prédire la mort du jeune sous-officier lors d’une querelle d’ivrognes. Que faire également de la promesse de s’aimer pour toujours : « Nous nous séparâmes enfin, en nous promettant de nous aimer pour toujours […] » (RI, 2017 : 35) ? Faisant suite à une première nuit d’ébats, cette promesse n’est pas tenue, tant par le sergent que par l’Italien, qui cessent tous deux de s’écrire alors que la vie les sépare (RI, 2017 : 38). Ce bris de serment contribue à sceller le sort du jeune homme dans « un dénouement […] romanesque8 […] pourtant bien réel. » (RI, 2017 : 39) Ces quelques intersignes9, « signes concrets annonciateurs d’événements (souvent dramatiques) à venir » (Privat, 2005) annoncent la mort du militaire, mais ne semblent pas complètement la justifier10, comme l’a remarqué le Dr Laupts. Selon ce dernier, le meurtre du militaire est explicable en raison de sa relation problématique avec l’Italien (Laupts, 1896 : 100). Lues attentivement, les lettres de l’aristocrate proposent une explication fort différente de celle présentée par l’aliéniste.
Comparé à Hector et à Achille (RI, 2017 : 33), le sergent ne se montre pas à la hauteur de cette si glorieuse comparaison, douloureuse pour ce sous-officier mort dans la fleur de l’âge. La comparaison contribue à enfermer le sergent dans un état liminaire : non seulement ce dernier ne devient jamais homme puisqu’il est différent sexuellement, mais le texte lui refuse de surcroît le statut glorieux normalement réservé aux guerriers. En réduisant au silence les exploits militaires du sous-officier et en explicitant l’amour partagé entre les deux hommes, l’épistolier présente le sergent en tant qu’inverti sexuel, un efféminé, et non en tant que guerrier. Le sergent est victime de ce que l’on nomme la « mauvaise mort ». Ce type de mort représente « ce qui est au-delà du laid, la monstruosité d’un être devenu pire que rien, d’une forme qui a sombré dans l’innommable » (Vernant, 1990). Ce sont des êtres impossibles à célébrer, qui tombent dans l’oubli collectif. Curieusement, les victimes de la « mauvaise mort » sont décrites de la même façon que le sont les personnages liminaires11. Cet horrible trépas s’esquisse en contrepoint de la « belle mort » (Vernant, 1990). Théorisée d’après les cosmologies de la Grèce Antique, la « belle mort » correspond à l’acte de mourir avec honneur afin de s’assurer le renom et la gloire éternelle. Ce type de mort scelle à jamais l’excellence du guerrier et lui assure une place dans la mémoire des hommes. Ces guerriers qui meurent honorablement et vaillamment possèdent « [une] jeune et virile beauté […] dont le corps frappe d’étonnement, d’envie et d’admiration » (Vernant, 1990). Le bûcher funèbre permet de conserver les attributs du mort dans la mémoire collective : « Beauté, jeunesse, virilité du cadavre, pour lui appartenir définitivement et s’attacher à la figure du mort, exigent que la dépouille ait cessé d’exister comme le héros de vivre. » (Vernant, 1990) Cette « belle mort » est celle d’Achille, qui est précisément comparé au sergent.
Aux côtés de ce héros grec, le sergent fait piètre figure… Ne possédant ni statut particulièrement élevé ni même de grandes victoires (celles-ci ne sont pas narrées), le sergent meurt dans un contexte peu honorable en cumulant plusieurs traits définissant le « mauvais mort », caractérisé par une mort subite, prématurée, violente, injuste et dé-ritualisée12 (Privat, 2018). Le militaire meurt subitement, sur le bord d’une route, de façon violente, abrupte et injuste. Sa mort, avant l’heure, est complètement dé-ritualisée par le Roman d’un inverti-né, qui passe sous silence les divers rites associés au trépas. La forme du fait divers13, utilisée par l’épistolier pour rapporter le décès de son amant de façon détachée, renforce l’inhumanité de la mort. Cette impression est consolidée par le refus du texte de nommer et d’accorder un rite funèbre au jeune homme « d’une merveilleuse beauté » (RI, 2017 : 32), rendant le sous-officier une personne facilement oubliable, innommable. Alors que les circonstances exactes entourant la mort du soldat sont inconnues, deux versions sont proposées aux lecteurs de l’Italien, écrites à quelques années d’intervalle14. Les premiers sentiments de l’épistolier à l’égard du meurtre de son amant sont plutôt effacés, apathiques : « Je n’ai pas regretté la mort que j’ai apprise par les journaux […] L’amitié trop ardente que j’avais eue pour lui s’était consumée d’elle-même et il n’en restait pas même les cendres. Je n’aurais eu aucun plaisir à le revoir et j’aurais eu honte pour lui et pour moi. » (RI, 2017 : 39)
Ses intentions, quelque temps après la mort de son amant, sont claires : ne pas afficher d’émotions ni avouer qu’il avait autrefois aimé cet homme. Pourtant, quelques années plus tard, un tout autre discours est écrit à l’attention du Dr Laupts : « je n’ai connu qu’une seule fois la véritable passion avec ses délires et ses tourments, ses jalousies et ses transports, quand l’on est deux et pourtant l’on ne fait qu’un avec celui qu’on aime ! » (RI, 2017 : 8515) Le sergent devient la source, dans les souvenirs de l’aristocrate, d’une folle passion. Cette nouvelle façon de raconter la mort du sergent s’inscrit presque en opposition complète avec le premier récit : « Ce fut comme un cauchemar, un rêve, et lorsque je me réveillais loin de lui, la passion avait tout brûlé et il ne restait que des cendres dans mon cœur. » (RI, 2017 : 85) Les cendres, présentes seulement dans la mémoire de l’Italien, pourraient-elles indiquer un tombeau par le feu ? Les flammes du bûcher, permettant de conserver les attributs virils du cadavre, pourraient s’être incarnées symboliquement dans la mémoire de l’aristocrate pour protéger la mémoire de son véritable amour, pour donner à ce héros le tombeau glorieux qui lui revenait.
Ce changement de paradigme entre le Roman d’un inverti-né et la Suite du roman d’un inverti-né démontre la nature problématique associée à la figure du sergent. Victime d’une « mauvaise mort » dans le premier récit, il reçoit les divers rites funèbres associés à la « bonne mort » dans le second. Ce tombeau glorieux, dans lequel le militaire « [vit] toujours beau et jeune dans [les] souvenirs de [l’Italien] » (RI, 2017 : 99), témoigne de la transformation de l’amant en éternel jeune garçon16, en héros. Toutefois, en instituant le militaire en tant qu’éternel jeune garçon, l’épistolier ne participe-t-il pas à invertir le jeune homme pour toujours, rétablissant le caractère de « mauvais mort » du sergent ?
Pour mieux comprendre les changements de ton dans les lettres de l’épistolier, la transformation de la représentation du sergent dans les souvenirs de l’Italien doit être interrogée. Ces différences concernent principalement le rôle associé au sergent, de même que la responsabilité réclamée de l’aristocrate dans la mort de son amant. Dans le Roman d’un inverti-né, ce dernier est un amant parmi d’autres. Il faut dire que l’épistolier en a eu plusieurs. Toutefois, dans la Suite du Roman d’un inverti-né, l’Italien institue le sous-officier en tant que seul véritable amour qu’il ait eu : « J’ai véritablement aimé alors, avec ma tête, avec mon cœur, avec mes sens, avec tout. » (RI, 2017 : 85) Cette modification paradigmatique est élaborée pour permettre d’esquisser un portrait du sergent et, par le fait même, de l’épistolier.
Les premières lettres de l’aristocrate présentent le sergent en tant qu’exutoire pour ses passions « criminelles ». L’Italien est très vocal et passionné, dès la première rencontre avec le sous-officier. Ce dernier l’emplit de « jalousie et [d’]envie. » (RI, 2017 : 31) Le sergent représente tout ce que n’est pas l’épistolier : un homme grand, courageux et vaillant — l’Italien possède « une figure enfantine » (RI, 2017 : 30), féminine et raffinée. Sans être nécessairement pris de désir, du moins les premiers jours, l’Italien trouve un plaisir à observer son collègue militaire, puisque la beauté de ce dernier se compare à celle des chefs-d’œuvre antiques (RI, 2017 : 32). Le niveau d’intérêt et de passion augmente au moment où les deux hommes commencent leurs activités illicites. Ils se découvrent l’un et l’autre et trouvent ensemble un bonheur absolu et qui leur était jusque-là inconnu.
Cette relation change dramatiquement lorsque se termine le service militaire de l’aristocrate. Vivant une peine d’amour, « un vide affreux » (RI, 2017 : 38), il est pris d’une « insupportable mélancolie » (RI, 2017 : 38). Il retrouve la santé après quelques mois et « l’image de [son] ami [s’efface] […] et [perd] tout son charme et sa vivacité. » (RI, 2017 : 38) Son amant, qu’il avait promis d’aimer pour toujours, est soudainement relayé à l’arrière-plan. Sans en être heureux, il n’est même pas contrarié lorsque les lettres de son ami cessent de lui parvenir. La mort de cet amant est présentée au lecteur de la même façon effacée et terne : « […] il fut tué d’un coup de pistolet par un de ses compagnons ivres. […] Je n’ai pas regretté la mort que j’ai apprise par les journaux […]. » (RI, 2017 : 38-39) Ce détachement complet semble contraire à la passion vécue. La conclusion de cette saga amoureuse s’adresse au destinataire, pour la première fois depuis de nombreuses pages : « La terre17 gardera ce secret et seules ces pages vous le feront connaître. Je n’ai dit que la pure et simple vérité, libre à vous de n’y pas croire ; le dénouement vous paraîtra romanesque, il est pourtant bien réel » (RI, 2017 : 39). Interpeler Zola au moment précis où l’intérêt sexuel se perd pour justifier la « fin romanesque » révèle peut-être une conscience aigüe de l’aspect problématique d’une sexualité anormale aux yeux d’un romancier naturaliste. Tente‑t‑il alors de minimiser la tristesse ressentie face à la mort du sergent ?
Dans La Suite du roman d’un inverti-né, l’intérêt de l’Italien est renouvelé. La mort du sergent est toujours bien réelle, mais les souvenirs de l’Italien érigent le jeune soldat en tant que héros viril et courageux. Le texte passe du fait divers, relaté dans les premières lettres, à une passion sans bornes et unique (RI, 2017 : 85). L’aristocrate affirme, dans une phrase qui résume ces intenses émotions ressenties pour sous-officier : « Que ne donnerais-je pas pour éprouver encore une fois une minute de ce bonheur qui résumait en lui des siècles de béatitude ! » (RI, 2017 : 85). Avec le sergent, l’éternité se jouait en un seul instant : « Ces quelques secondes me parurent un siècle » (RI, 2017 : 35). Quelques pages plus loin, l’épistolier revient à nouveau sur cette relation avec le sous-officier, soulignant avoir apporté dans cette relation passée « une fougue cruelle et aigüe » (RI, 2017 : 99). Heureux de la mort de son amant, car il vit pour toujours beau et jeune dans son esprit, l’Italien se remémore les mois « d’une vie étrange, fantastique et exceptionnelle » (RI, 2017 : 99) que les deux hommes ont vécu ensemble.
Malgré les années séparant les lettres, certaines émotions demeurent les mêmes : la culpabilité anime toujours l’aristocrate, qui se sent responsable de la mort de son amant. Lors des premières lettres, l’Italien apprend au lecteur que « l’horrible et maudite ardeur […] avait entraîné avec elle un être bien innocent de ces fautes, et que seule une maudite passion avait mordu et empoisonné » (RI, 2017 : 37). Cette propension à la culpabilité demeure également dans la Suite du roman d’un inverti-né, lorsque l’aristocrate pense « [avoir] trop bien détraqué [le sergent] pour [rentrer dans une vie normale] et son âme avait été trop bien façonnée et pétrie par [lui] pour qu’il pût se contenter d’une vie et de jouissances ordinaires » (RI, 2017 : 99-101). L’Italien continue d’affirmer sa responsabilité, faisant également sienne l’agentivité que lui accorde le Dr Laupts dans son essai critique de 1896 : « La nécessité, au point de vue de la vitalité, de l’avenir de la race, d’étudier les causes morbides, de discerner les éléments dangereux et mauvais, au rang desquels, pour une part appréciable, doit être rangé l’être frappé de perversion sexuelle : le pervers, l’inverti-né féminiforme, […]. » (Laupts, 1896 : 104)
Bien que l’Italien acquière dans la dernière lettre une fierté nouvelle18, celle-ci semble naître depuis l’absence de sentiments de perte et de tristesse associés normalement à la mort d’un être cher. Cette absence émotionnelle représente, pour l’épistolier, le danger qu’il pose à la société : « après m’avoir connu et avoir vécu plusieurs mois d’une vie étrange, fantastique et exceptionnelle, le mieux qu’il pût faire, n’était-ce pas de mourir ? » (RI, 2017 : 99). Cette ambigüité, entre orgueil et danger, est constitutive de la personne qu’est l’Italien.
Cette page du manuscrit de la Suite du roman d’un inverti-né relate sur les conséquences des pratiques amoureuses entre l’épistolier et le sergent. Le passage sur le destin s’y retrouve :
[…] je n’apporte pas dans cette liaison la fougue cruelle et aigüe avec laquelle j’adorais le seul que j’ai véritablement aimé. Que je suis pourtant heureux qu’il soit mort ! Il vit toujours beau et jeune dans mon souvenir, et du reste que pouvait désormais lui offrir la vie ? Dans une situation de famille peu brillante, sa destinée n’avait rien qui pût lui promettre quelque bonheur et, après m’avoir connu et avoir vécu plusieurs mois d’une vie étrange, fantastique et exceptionnelle, le mieux qu’il pût faire, n’était-ce pas de mourir ? Le destin s’en chargea, mais ne croyez-vous pas qu’à défaut de la main d’autrui, sa propre main ne se serait pas chargée de faire partir ce coup de pistolet qui trancha son existence ? […]
L’on y présente également la jeunesse éternelle du sergent, accordée par la mémoire de l’Italien. L’on remercie les Nouvelles éditions Place et Cyrille Zola-Place pour l’autorisation d’intégrer cette image.
Ces variations dans les états d’âme de l’Italien indiquent l’oscillation des diverses émotions ressenties. Le jeune homme se sent profondément responsable de la mort du sergent, étant celui qui l’a (mal) initié à l’amour pédéraste. Il associe, comme le fait la société européenne du XIXe siècle, l’inversion sexuelle et la maladie mentale19. Dans sa prise de responsabilité, l’épistolier fait intervenir le destin : « Le destin s’en chargea, mais ne croyez-vous pas qu’à défaut de la main d’autrui, sa propre main ne se serait pas chargée de faire partir ce coup de pistolet qui trancha son existence ? » (RI, 2017 : 99). Cette notion s’inscrit comme pendant de la coutume. Le destin, selon Yvonne Verdier, est une faute commise à l’égard de la coutume et de l’amour (Verdier, 1995 : 153). Celles-ci, responsables des nombreux malheurs vécus par les individus, expliquent les chutes funestes de ces derniers. Avoir « trop bien détraqué » (RI, 2017 : 99) le sergent constitue une faute à l’amour ; la mort du sergent est alors composée d’une série de fautes symboliques. L’initiation par le jeune aristocrate du sergent à une sexualité entre hommes est un écart important face à la coutume de l’époque, qui trace les vies de chaque membre de la communauté. Ainsi, les garçons deviennent hommes par le service militaire, ce qui les prépare au mariage. Déroger de ce chemin longuement établi par la tradition européenne pour s’invertir, devenir un pédéraste, dérègle la vie du sergent. Rejeter sur le destin ce qui pourrait n’être que simple malchance entraîne le jeune épistolier à accepter une agentivité dans la mort de son amant.
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En tant que rite de passage, le service militaire, période de marge, prépare les jeunes hommes pour leur vie future et contribue à leur formation identitaire. Or, le sergent du Roman d’un inverti-né y a été initié par l’épistolier, qui l’introduit au monde de l’amour pédéraste. Ainsi, le rite qui devait mener à une vie matrimoniale peut, sous certaines conditions, permettre l’expérimentation d’une sexualité nouvelle et illicite. L’armée devient dès lors un lieu plutôt dangereux pour certains hommes, ceux plus susceptibles d’entretenir des relations avec d’autres hommes. En transposant sur papier ses souvenirs, l’Italien nous invite à une réflexion sur cette écriture de soi, surtout sur les manières de faire le (la) mort. S’il s’accuse, dans ses lettres, d’avoir causé la mort du jeune militaire, force est de constater qu’au bout du compte le Roman d’un inverti-né et la Suite du roman d’un inverti-né constituent la création d’un « bon mort », au sens anthropologique de l’expression. En érigeant un tombeau par lettres pour son amant, dans lequel ce dernier est présenté comme le seul véritable amour de l’écrivain, l’Italien fait de son texte un monument funèbre, seule sépulture connue pour ce jeune sergent, dont on ignore l’identité. L’hommage rendu par l’épistolier au jeune sous-officier devient, dès lors, la plus glorieuse des tombes.
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