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Il était une fois une jeune fille, sa chèvre et son petit soulier.

Il était une fois une jeune fille, sa chèvre et son petit soulier.

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Communication présentée dans le cadre du colloque "Idiots. Figures et personnages liminaires dans la littérature et les arts" (UQAM, Figura, 2010).

Partant d’une réflexion sur la candeur naïve qui caractérise la Esmeralda dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, nous nous penchons sur la manière dont ce personnage incarne la figure de l’idiot, telle que perçue dans une perspective anthropologique. Soit comme expression d’un dérèglement à comprendre au sens de «sot», de «niais» ou de «bêta», et qui serait le résultat d’une incomplétude ou d’un manquement plaçant l’idiot en dehors d’une norme —en l’occurrence ici la norme sociale. La Esmeralda nous paraît effectivement appartenir à la catégorie des non initiés ou des «mal initiés»: elle ne passe pas l’étape de l’apprentissage (initiatique) à la vie amoureuse qui, suivant la tradition, contribue à faire la jeune fille. Passage manqué (ou plutôt absence de passage) qui se justifie, il va de soi, par l’altérité culturelle et religieuse de la bohémienne. Malgré ses 16 ans et son corps sexué, la Esmeralda reste donc une enfant. Là est le seuil qu’elle ne franchit pas, l’entre-deux qui la garde captive. Aussi nous est-il pertinent d’interpréter cette douce idiotie de l’enfance comme un état liminaire. De là, nous voyons dans la captivité de la Esmeralda à l’intérieur de la marge d’un rite de passage non accompli l’indice qui explique non seulement les différents avatars qu’elle subit dans le roman, mais encore le confinement ultime de cette bohémienne à la chèvre dans l’univers merveilleux des contes de fées.

 

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