Soutenance
Avis de Soutenance
Monsieur Simon LANOT
Langues, littératures et civilisations (CREM)
Soutiendra publiquement ses travaux de thèse intitulés
ÉCRIRE LA FIN ET LA MÉMOIRE DES MONDES UNE ETHNOCRITIQUE D'"ATALA", "RENÉ" ET "LES AVENTURES DU DERNIER ABENCERAGE"
thèse co-dirigée par Madame Marie SCARPA et Madame Véronique CNOCKAERT
Co-tutelle avec l'Université de Lorraine et l'Université du Québec à Montréal (UQAM).
Soutenance prévue le lundi 02 décembre 2019 à 14h30
Lieu : Metz, île du Saulcy 57 045 METZ
Salle : D 206 - Salle du Conseil - UFR SHS-M
Résumé de la thèse: La question de la fin des civilisations, des empires ou des systèmes de valeurs, tient une place majeure dans l’œuvre de Chateaubriand. Ses romans brefs, Atala, René et Les Aventures du Dernier Abencerage, écrits pendant la Révolution et l’Empire, évoquent, à travers la figure du « dernier », la fin des sociétés autochtones d’Amérique, de l’Andalousie musulmane, de la France de Louis XIV, mais aussi la fin des communautés jésuites au Nouveau-Monde, celle des provinces françaises et de l’Écosse clanique traditionnelle. En nous appuyant sur les travaux de Vincent Descombes, nous analysons comment l’écriture fictionnelle transforme ces sociétés disparues en mondes, en univers cohérents et structurés par un système de valeurs, une rhétorique et une cosmologie propres. L’intrigue s’élabore sur une « brèche » historique (Hannah Arendt, François Hartog), dans un entre-deux-mondes : cette faille entre deux mondes, cet espace-temps frontalier, n’est pas seulement le cadre de la fiction, c’est aussi son sujet. L’écriture ne vise pas à reconstituer les mondes perdus mais figurer le passage d’un monde à l’autre, ou plus précisément un double passage : celui du lecteur vers les mondes auxquels le texte l’initie, et celui du monde ancien vers le monde nouveau. Les nombreuses descriptions narrativisées de rites (rites chamaniques, islamiques, chrétiens) peuvent être lus comme des clefs pour appréhender ces passages. En explorant l’hypothèse que formule l’ethnocritique d’une homologie possible entre rite et récit, nous étudierons la dimension ritique de cette écriture qui reconfigure des mondes perdus. Ces mondes sont élaborés par l’écriture selon trois voies : l’utopie, l’âge d’or, et ce que nous appelons, en reprenant sur Daniel Fabre, « le pays du temps ». La notion de « vérité négative » (Lévi-Strauss) nous incite à lire l’utopie comme une critique de l’entreprise coloniale. L’âge d’or comme « mythe politique » (R. Girardet) fait de l’Andalousie mythifiée une réflexion politique sur le despotisme. Enfin, le « pays du temps » regroupe tous ces mondes dans lesquels la perception du temps obéit à une logique autre que celle de la modernité : aussi le récit intègre-t-il les logiques des cultures orales pour percevoir et habiter autrement le monde. Ce sont trois voies pour écrire le monde moderne, mais en « contrepoint » (Edward Saïd). L’écriture de la mémoire des mondes exige une écriture métissée qui intègre des logiques culturelles diverses